Notons que dans la brève histoire de Si on s'alliait ?, il s'est trouvé que certaines campagnes ont été menées presque exclusivement par des femmes, comme celle auprès du bailleur social Espacil
Nous nous sommes ainsi retrouvées, sans réellement le vouloir, sans hommes, lors de réunions de campagne et même de négociation.
Lors de ces réunions de campagne, nous avons alors éprouvé une certaine satisfaction à être uniquement entre femmes : nous nous sentions plus à l'aise pour parler, plus écoutées et plus soutenues.
Nous avons ainsi pu discuter de sujets peu abordés dans les groupes mixtes de Si on s'alliait ?: comme les violences physiques ou morales exercées par le compagnon. la répartition des tâches domestiques, le « prendre soin » au sein du couple...
De plus, à travers nos différentes expériences, nous avons également constaté que ce sont souvent, nous, les femmes, qui sommes le plus touchées par les emplois précaires, les problèmes d'accès à la formation et les situations d'isolement et de pauvreté...
Nous nous sommes alors questionnées sur les places et les rôles que les femmes et les hommes prennent soit disant "naturellement" au sein de notre société et notamment au sein des groupes mixtes.
Et là, incroyable...
... Même quand les femmes sont plus nombreuses dans un groupe mixte, elles prennent moins la parole et le leadersphip que les hommes !
Même quand les hommes sont minoritaires, ce sont eux qui dominent les différentes activités de groupe !
Et donc, bien que Si on s'alliait ? , lors des réunions, accorde une attention particulière à répartir les rôles et la parole de manière juste et égalitaire, des femmes peuvent se retrouver exclues des échanges d'expériences et d'idées permettant de mettre en place les campagnes citoyennes....
Situation relativement inquiétante lorsque l'on sait que « celles et ceux qui contrôlent la parole contrôlent aussi la Réalité ».*
Il devenait donc nécessaire de mettre en place, dans Si on s'alliait ?, un groupe de femmes pour mieux révéler et donc mieux agir sur nos réalités sociales individuelles et collectives.
A travers les prémices de ce groupe, nous nous sommes déjà découvertes des problématiques communes qui nous impactent particulièrement et qui traversent tous les aspects du quotidien : les conditions de travail, la garde d'enfants, l’éducation des enfants, le logement, la santé et l'accès aux soins (notamment les examens gynécologiques), les difficultés dans l’accès aux droits dans les administrations (CAF, Pôle-Emploi, CPAM, préfecture, CCAS, CDAS...), l’inégale répartition de la parole, du « prendre soin » et de l’attention aux autres...
La mise en place d'un groupe de femmes ne veut pas pour autant dire que toutes les campagnes citoyennes portées par ce groupe rassembleront uniquement des femmes. Cela dépendra des objectifs de la campagne... mais l'idée est toujours bien de s'allier avec le plus grand nombre.
Et puis, les campagnes issues des quartiers de Rennes et/ou impulsées par les personnes migrantes continuent, dans lesquelles nous serons, toutes, très investies.
Néanmoins, ces espaces de non mixité, qui s'organisent au sein de Si on s'alliait ? une à deux fois par mois, nous permettent de nous rassembler pour discuter plus facilement et librement et ainsi être forces de propositions et d'actions face aux problèmes qui nous touchent particulièrement.
De plus, en prenant conscience des mécanismes de domination vécus, nous sommes plus à même de les repérer dans les assemblées mixtes de Si on s'alliait ?, d'en discuter tou.tes ensemble et d'agir ainsi collectivement vers toujours plus d'égalité dans les relations humaines et les rapports sociaux.
* Corinne Monet, in Éducation populaire et féminisme. Récits d’un combat (trop) ordinaire. Analyses et stratégies pour l’égalité, La Grenaille, 2016.
Si vous êtes intéressées pour participer aux groupes femmes, rien de plus simple... contactez nous!